MEAUX — Deux femmes, qui avaient été verbalisées début mai devant la mairie de Meaux (Seine-et-Marne) en vertu de la loi sur le port du voile intégral, ont été jugées jeudi devant le tribunal d’ Instance de Meaux qui rendra sa décision le 22 septembre.

Le 5 mai, elles étaient venues intégralement voilées devant la mairie de la ville avec l’association Touche pas à ma Constitution « fêter la 1ère amende » du député-maire Jean-François Copé.

Le ministère public a requis jeudi « une amende de 150 euros » et « un stage de citoyenneté » pour chacune d’entre elles.

« La décision ne sera rendue que le 22 septembre, ils considèrent au moins qu’il y a matière à discussion », a ironisé Me Gilles Devers, avocat des deux femmes, avant d’affirmer que « cette loi, inapplicable, ne repose sur rien si ce n’est sur un calendrier politique ». Il a plaidé « la relaxe » pour ses deux clientes.

Selon Me Devers, « c’est la première fois que des femmes verbalisées pour port du niqab sont jugées en France ».

« La question est de savoir s’il y a une référence européenne qui se place au dessus de la loi comme pour la garde à vue. Oui elles ont violé la loi mais elles se placent sous le droit européen, donc elles ne peuvent pas être condamnées », a plaidé Me Devers devant le tribunal.

Seule une des deux femmes verbalisées, Hind, 31 ans, était présente à Meaux jeudi mais elle n’a pas pu entrer dans le tribunal car elle n’a pas accepté de dévoiler son visage comme lui demandait un policier.

« Je ne peux pas assister à mon propre procès, on m’interdit aussi le droit de m’exprimer », s’est indignée cette mère célibataire, qui vit à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avec sa fille de trois ans, et qui dit « porter le niqab depuis six ans ».

« Je suis déçue car j’aurai aimé avoir l’amende de 150 euros aujourd’hui afin de saisir la cour européenne des droits de l’homme », a regretté Hind, assurant qu’elle « ne lâchera pas le combat ».

Une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de femmes voilées, étaient venues soutenir les deux femmes verbalisées. Au total, huit infractions pour port du niqab sur la voie publique ont été relevées jeudi par la police devant le tribunal. Ces huit femmes recevront ultérieurement une convocation pour venir au commissariat de la ville.

Selon l’association « Touche pas à ma constitution », « plusieurs personnes se rendront jeudi après-midi au tribunal de police de Cergy (Val-d’Oise) » afin de « payer une amende de 75 euros dressée le 4 juin à une femme portant le niqab sur la voie publique ».

AFP