Saber Bezaza est un entrepreneur lorrain qui souhaite mettre en place une structure particulièrement ambitieuse dans le secteur de l’alimentation halal. Il prévoit en effet de créer une «fédération française du halal» qui devrait voir le jour le 20 Juillet 2012, une date loin d’être choisie au hasard puisqu’elle coïncide avec le début du mois de Ramadan.

Il s’est confié au journal Libération pour expliquer sa démarche dont le but est d’évincer les Mosquées de Paris, Lyon et d’Evry du marché de la certification halal.

Pourquoi souhaitez-vous lancer une «fédération du halal» ?

Après avoir ouvert, en 2010, un supermarché bio halal, je me suis rendu compte du nombre croissant de problèmes dans la traçabilité : seuls 20% des produits certifiés halal le sont réellement. Ayant cherché à me rapprocher d’une fédération du halal à ce sujet, je me suis rendu compte… qu’elle n’existait pas. Du coup, on se lance pour faire bouger les lignes.

Où se situent les défaillances ?

Il existe aujourd’hui une cinquantaine de certificateurs de halal, eux-mêmes certifiés par trois grands mosquées : Paris, Evry et Lyon. Mais, dans les faits, c’est le fabriquant qui s’attribue le label halal. Quand le certificateur ne passe que trois fois par ans, le reste du temps, qui contrôle ? Même moi, qui suis du métier, je suis perdu et ne sais plus à qui me fier.

A quels genres de fraudes les consommateurs sont-ils confrontés ?

Certaines sont liées à des négligences : par exemple des machines mal nettoyées, où il reste des résidus de porcs. D’autre sont commises en connaissance de cause : si les stocks de viande halal sont épuisés, on utilise le reste en mentant au consommateur. Les faux certificats sont légion. Récemment, on a découvert un producteur espagnol dont les bonbons «halal» contenaient de la gélatine de porc. Ces dérives seraient inconcevables avec le casher juif, qui dispose d’un label unique sur lequel tout le monde se cale. Je m’inspire aussi beaucoup du bio pour le côté clarté et transparence.

Précisons à propos des mosquées, qu’ hormis celle de Lyon, elles ne disposent pas de contrôleurs. Il n’y a donc aucune visite sur les sites de production qui bénéficient de leur certification halal. La tâche de Saber Bezaza s’annonce des plus ardues puisqu’il ne s’agit pas moins de mettre autour d’une table tous les acteurs du secteur pour se mettre d’accord autour d’un label unique.