Après son succès à l’élection présidentielle en mai dernier, le parti socialiste a mobilisé l’ensemble de ses troupes lors des législatives en vue d’obtenir une large majorité. En effet celle-ci est indispensable pour mettre en application par l’intermédiaire de lois les principales promesses de campagne. Et l’alternance a bien eu lieu ce week-end à l’Assemblée nationale puisque une vague de députés socialistes a envahi l’hémicycle (314 députés avec ses alliés). L’UMP, désormais dans l’opposition, accuse le coup. C’est dans cette atmosphère là qu’Alain Juppé, ancien ministre des affaires étrangères et maire de Bordeaux s’est confié au journal Le Monde pour regretter à demi-mots la stratégie de rapprochement de certains candidats UMP avec le Front national.

Le Monde : L’UMP n’est donc pas au clair ?

A. Juppé : Apparemment non, quand on entend certains de nos amis affirmer qu’ils se reconnaissent dans les valeurs du Front national. Il y a un trouble dans notre électorat, mais notre rôle n’est pas de reproduire ce qui se dit sur les marchés, de suivre les tendances, il faut tracer une voie. Nous devons clarifier nos positions par un travail commun sur la charte des valeurs de l’UMP, qui date de 2002 et nécessite d’être réactualisée.

Le Monde :Quelles sont, selon vous, ces valeurs que l’UMP doit réaffirmer ?

A. Juppé :Je crois en une France entreprenante et travailleuse, à l’économie de marché et à la récompense du travail. Je crois également en une France juste et solidaire, ce qui ne veut pas dire l’assistanat, mais la responsabilité, l’éducation. Troisièmement, je crois en une France qui doit être moteur d’une Europe non bureaucratique, mais politique, capable de défendre plus efficacement ses intérêts économiques et sociaux.

Le quatrième pilier, c’est l’attachement à la nation, qui se construit sur une intégration réussie et suppose le rejet de la xénophobie et de l’islamophobie. C’est notre différence fondamentale avec le Front national.