C’est dans la salle de prière du centre socio-culturel Tawhid que la conférence sur les enjeux du halal a eu lieu. Fethallah Otmani (directeur administratif d’AVS) a pris la parole en premier pour définir précisément les conditions de l’abattage halal et dénoncer les contre-vérités notamment en ce qui concerne l’étourdissement de l’animal. Un sujet qui suscite beaucoup de critiques au sein de la société française et stigmatise les musulmans comme des personnes ne se souciant pas du bien-être des animaux.

Le représentant d’AVS a mis en lumière les circonstances exactes de cette méthode qui en théorie permet à l’animal de ne pas souffrir avant l’abattage. Dans le cas de la volaille c’est l’électronarcose qui est utilisée, qui n’est ni plus ni moins qu’une électrocution avant la saignée, ce qui entraine souvent la mort. Quand aux bovins et ovins, c’est un pistolet à pression qui transperce littéralement la boite crânienne de l’animal. C’est-à-dire que dans les deux cas, cela se rapproche plus d’une mise à mort, souvent dans d’atroces souffrances, que d’une véritable anesthésie. Dans cet état de fait il apparait donc clairement que la méthode d’abattage rituel apparait comme la pratique la moins cruelle. De plus il est important de rappeler qu’un animal mort avant l’abattage ne peut être considéré comme étant halal.

C’est à ce niveau qu’intervient le premier niveau de fraude, à savoir que des animaux morts sont saignés et déclarés comme halal sur la chaîne de production. Une manœuvre possible lorsqu’un contrôleur n’est pas présent sur le site, d’où le rôle indispensable de celui-ci. L’autre niveau de fraude intervient lors de la transformation de la viande pour l’élaboration de steack haché par exemple. Fethallah Otmani nous apprend qu’il est très courant que des viandes halal et non-halal soient mélangées pour réduire les coûts. Voila donc comment la foi du consommateur musulman est respectée par les industriels, autant dire que ce dernier ne représente qu’un tiroir-caisse, d’autant plus que le musulman consomme beaucoup plus de viande qu’un autre citoyen. Il s’agit d’ailleurs de l’une des problématiques du halal, puisque si nous acceptions de consommer moins de viande et de payer légèrement plus cher, les conditions favorables à la mise en place d’une filière véritablement halal serait réunies.

Fateh Kimouche (responsable du site alkanz.org) de son coté, a axé son argumentation autour des résultats de ses nombreuses investigations dans le secteur du halal et des contacts avec les visiteurs de son site. Son constat est accablant concernant le comportement du consommateur musulman face à cette vaste supercherie, sa formule selon laquelle « les musulmans sont victimes parce qu’ils sont irresponsables » est lourde de sens et on ne peut pas vraiment lui donner tort. Il a notamment mis en avant les nombreux musulmans qui consomment de la viande prétendument halal en se basant sur la présentation d’un simple certificat.

L’exemple du KFC halal est très parlant puisque une bonne partie de la communauté lui a tourné le dos uniquement après la diffusion d’un reportage de M6 alors que lui-même avait annoncé la fraude sur son site en 2008. Ainsi il faudrait cesser de se réfugier derrière le fait que ce qui est déclaré halal l’est forcément et que le musulman doit s’abstenir s’il n’obtient pas la preuve que ce qu’il va consommer est véritablement halal.

Remercions Fethallah Otmani et Fateh Kimouche qui ne ménagent pas leurs efforts à travers leurs interventions pour sortir de sa léthargie la communauté musulmane française.